L’homme vient dans cette île comme le parasite, il veut seulement sucer la vie de la nature et vivre à ses dépens. La nature se venge, l’enlace avec ses centaines de bras, étouffe en lui sa vie élevée, et le transforme en cadavre.
Je suis allée de nouveau dans trois ou quatre églises de la ville. Elles sont, ce soir, illuminées dans le chœur et sur les autels, mais un peu moins remplies de monde que ce matin ; on y voit beaucoup moins de gens parés. Plusieurs paraissaient s’agenouiller avec une dévotion plus vive. Il y avait dans la cathédrale, de chaque côté de la nef, trois magnifiques dames espagnoles complétement couvertes de diamants, avec une table devant elles, sur laquelle on déposait des offrandes pour les pauvres. Un seul de leurs bijoux aurait richement compensé tous les petits dons faits à leur boîte. J’entrais et sortais sans obstacle en me mêlant au flot populaire dans les églises et dans les rues ; tout se passait paisiblement, on aurait dit que les gens sortaient de chez eux pour s’amuser. À partir de ce moment jusqu’au jour de Pâques, un profond silence régnera dans la Havane ; aucune volante ne pourra se montrer dans les rues, qui seront parcourues demain par de grandes processions.
J’ai vu la procession, avant-hier, de la terrasse d’une maison américaine de la Place d’Armes. Des femmes en toi-