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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/186

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LA VIE DE FAMILLE

ges pour le roi et la reine. La danse proprement dite avait lieu devant eux. Une femme dansait seule sous un dais soutenu par quatre personnes. Il faut qu’on ait trouvé beaucoup de charmes à sa manière de danser, — elle ne différait guère des danses nègres dont j’ai déjà parlé, — car on la couvrit de plusieurs mouchoirs, on lui planta aussi un chapeau d’homme sur la tête. Les femmes dansent ici ensemble et les hommes entre eux. Quelques-uns frappaient avec des bâtons sur les portes et les bancs, d’autres agitaient des gourdes remplies de pierres, les tambours tonnaient avec une force assourdissante et cherchaient évidemment à faire autant de bruit que possible. Au milieu de tout cela apparut une figure avec bonnet écarlate sur la tête ; une foule de colliers de perles brillantes couvraient son cou, ses bras, son corps nu jusqu’à la ceinture, d’où descendait une jupe écarlate. Cette figure, devant laquelle on se rangea des deux côtés, s’approcha de moi en faisant ces mouvements d’inclinaison pendant lesquels toute la partie supérieure de son corps formait des replis comme les serpents. Cette figure resta debout devant moi en continuant ces mouvements. Je ne savais si elle m’invitait à danser, ni quelle était l’intention de ces mines, ces courbettes bienveillantes, ni pourquoi ses grandes mains noires étaient tendues vers moi. À la fin cette figure prononça quelques mots, et je compris que c’était un compliment à mon adresse. J’y répliquai en lui donnant une poignée de main, en lui glissant en même temps une pièce de monnaie, et nous nous fîmes mutuellement beaucoup de bonnes mines, après quoi mon danseur se retira en serpentant, et se mit à danser pour son propre compte, avec l’approbation des assistants.

Sur les bancs étaient assis un grand nombre de nègres