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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/187

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

à l’air grave, et remarquablement bien de leur personne. Les Lucomans ont, en général, une jolie forme de visage ovale, une bouche, un front, un nez bien faits, et les plus belles dents. Ils ont l’air moins bonnes gens et gais que les autres noirs, mais ils ont visiblement plus de caractère et d’intelligence. Cette nation passe pour riche depuis le grand gain qu’elle a fait à la loterie, et dont elle paraît faire un noble usage, en rachetant des nègres de sa tribu.

Ces cabildos sont gouvernés, comme je l’ai dit, par une ou deux reines qui décident des plaisirs, donnent le ton et le développement à la société. Elles ont le droit de choisir un roi ; celui-ci soigne les intérêts économiques de la société ; il a un secrétaire et un maître des cérémonies.

Celui d’ici me donna une petite carte imprimée, avec laquelle je pouvais entrer dans le cabildo de « Notre-Dame Sainte-Barbe de la nation des Lucomans Alagua »[1].

Après avoir reçu cette carte et contribué par un faible don à la caisse de la société, nous nous éloignâmes pour visiter d’autres cabildos. Partout on eut la politesse de me permettre d’entrer librement avec mes compagnons. J’ignore s’il faut attribuer cette politesse au caractère nègre ou à l’influence espagnole ; je suis disposée à m’arrêter à cette dernière idée.

Dans un cabildo des Gangas, je fus reçue par les deux reines, jeunes et jolies filles noires habillées à la mode française en robe de gaze rose, avec des bouquets de fleurs artificielles dans les cheveux et à la poitrine. Elles me prirent

  1. La nation des Lucomans se divise, comme les autres tribus africaines, les Gangas, les Congos, etc., en plusieurs nations ou communes qui ont des surnoms différents, et chacune leurs cabildos.
    (Note de l’Auteur.)