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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/198

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LA VIE DE FAMILLE

olivâtres ou blanches, la plupart jeunes et jolies. Quelques-unes fument des cigarettes ; d’autres ont des fleurs blanches dans les cheveux ; elles répondent amicalement au salut de la personne qui passe en faisant un gracieux signe de tête, en prononçant un mélodieux : « Buena tardi, señora ! » ajoute à ceci des groupes de nègres et négresses bien portants, demi-nus, des négrillons qui le sont complétement et se conduisant en véritables petits sauvages ; des blancs assis sur les murs en pierres ou marchant à l’aise en fumant des cigares. Au-dessus de l’ensemble le ciel doux des tropiques, un vent délicieux, une vie de farniente à demi assoupie, et tu auras vu le panorama que je contemplais en allant de côté et d’autre, jusqu’au moment où l’obscurité survint et les étoiles parurent sur la scène.

De retour dans ma fonda, je m’y arrangeai pour la nuit. On m’avait donné un joli petit lit de camp, des draps blancs, une couverture légère et propre. On ajouta une tasse de thé assez pauvre, du pain et une lampe de nuit. Raimundo me soignait avec une politesse grave. Ensuite je restai seule et fort contente de mon sort ; les sons d’une guitare, ainsi qu’un chant monotone mais agréablement mélancolique, ayant le caractère des seguidillas espagnoles, arriva jusqu’à mon oreille ; je m’endormis à cette musique et passai une nuit excellente sans être troublée par un seul des voleurs avides de sang que je redoutais, — les cousins et les puces.

En me réveillant, je vis Raimundo qui se tenait avec respect auprès de ma fenêtre ; il me demanda si je désirais quelque chose, je lui dis de m’apporter du café et des œufs.

Tandis que je déjeunais, Miranda s’annonça de manière à prouver qu’on le respectait comme une puissance de premier rang. Bientôt après, il me fit prévenir de sa visite ;