roles m’ont accompagnée durant mon long voyage comme l’un des beaux et précieux souvenirs dont je suis redevable au Danemark, car elles me rappelaient la grande bonté que Votre Majesté a bien voulu me témoigner. Je les ai conservées en même temps que le désir de pouvoir lui envoyer du Nouveau-Monde quelques fleurs intellectuelles qui ne fussent pas indignes des roses cueillies par les belles mains de Votre Majesté dans son parterre, et qu’elle m’a données au moment des adieux. Mais beaucoup de temps s’est écoulé avant que j’aie pu avoir la liberté d’esprit et le calme nécessaires pour tirer de la riche flore américaine un bouquet ou une guirlande qui pussent plaire à Votre Majesté. Je ne pouvais me contenter de moins.
C’est maintenant de la reine des Antilles, de la belle et tropicale Cuba, que j’écris à la belle et bonne Reine de Danemark. Tandis qu’un soleil brûlant se lève sur les bosquets de caféiers et de bananiers du cafetal la Concordia, mon séjour actuel : tandis que les flamants rosés étendent leurs ailes pour les rafraîchir au vent de l’aurore, et que des négrillons, — nus comme Dieu les a créés, — sautent et culbutent sur les pelouses où les colibris vert-émeraude voltigent autour des fleurs étincelantes de l’hybiscus, je me transporte en esprit dans les « vertes îles, » la demeure fraîche et ombragée où j’ai entendu chanter les rossignols dans les bosquets de hêtres qui entouraient Votre Majesté ; et c’est là que j’adresse ces lignes, hommage de respect et de dévouement.
Cuba est le lieu que je devais préférer pour parler du Nouveau Monde, car elle se trouve placée entre les deux Amériques ; les races espagnoles et anglo-normandes s’y rencontrent, — avec bienveillance ou inimitié, luttant en secret et ouvertement pour la souveraineté. On voit déjà