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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/228

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LA VIE DE FAMILLE

dans cette nature tropicale, merveilleuse et belle, dans les plantations de café et de palmiers, des foyers, des chemins de fer, des magasins semblables à ceux de l’Amérique du Nord ; mais le « en avant » de cette dernière se heurte ici contre la devise des créoles espagnols, « poco a poco, » il est cependant facile de prévoir que, tôt ou tard, il sautera par-dessus.

Avec l’image toute récente de la nature, du peuple des États de l’Amérique du Nord dans l’âme, il est rafraîchissant de trouver dans cette belle île le contraste frappant que présentent le peuple, les états et la nature de l’Amérique méridionale. L’un et l’autre font essentiellement partie du tableau du Nouveau Monde, et l’Amérique du Nord, sous le rapport de la nature, de la civilisation et des mœurs, n’en offre qu’une partie. L’autre, avec ses États non organisés encore, sa vie populaire encore dans le chaos, mais avec sa riche et grande nature, son fleuve des Amazones, ses Andes, ses palmiers et ses étés éternels, développera, par suite de son contact avec les peuples de sa moitié septentrionale, une vie magnifique, pas aussi forte peut-être, mais plus suave et plus belle. Et toutes deux ne feront qu’un dans le vaste empire humain qui se forme entre l’Océan Atlantique et l’Océan Pacifique, entre les mers du Nord et du Sud ; car, si l’Amérique méridionale n’a pas maintenant de ces peuples et de ces caractères qui attirent l’estime et l’admiration, s’ils paraissent encore d’une nature inférieure, affaiblis par le soleil au lieu d’être inspirés par sa lumière ardente et pure, nous savons cependant que sous ce ciel, ces palmiers, ce soleil, ont vécu les Péruviens et les nobles Aztèques ; que c’est sous ce ciel, ces palmiers, ce soleil, en Orient, que sont nées la sagesse antique, la plus noble poésie ; que les Vé-