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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/270

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LA VIE DE FAMILLE

la veille ; la lune, moins pleine, nous regarda froidement, et nous restâmes en place.

« Demain, dîmes-nous encore, lorsque le Gaston passera, il pourra nous remorquer et nous remettre à flot. » Mademoiselle Mac Intosh fut d’avis qu’à l’arrivée du Gaston toutes les femmes qui étaient à bord devaient monter sur le pont en tenant leur mouchoir sur les yeux, afin d’émouvoir le cœur du capitaine, que l’on présumait dur.

Le jour suivant, la fumée du Gaston parut et fit monter celle de l’espérance dans nos cœurs. Le bateau s’approcha, s’arrêta, nous regarda, continua sa route et nous abandonna à notre sort. (N. B. La scène des mouchoirs avait été omise.)

Grande indignation sur le Magnolia ; notre dame dirigeante veut dresser contre le Gaston une déclaration d’indignité qu’elle fera insérer dans les journaux. Elle propose également aux dames du bord de signer une déclaration d’estime pour le capitaine du Magnolia et sa « conduite chevaleresque ; » nous y consentons toutes et mettons notre signature.

Maintenant nos espérances reposent sur le bateau à vapeur le Saint-Mathieu, qu’on attend demain soir ; nous aimons à croire qu’il nous prendra à bord, car il est évident que le Magnolia ne bougera pas avant la lune prochaine ; il s’enfonce toujours davantage dans le sable par son poids, et la marée diminue.

En attendant, nous nous consolons avec gaieté et bonne table, en faisant des promenades sur le rivage, car nous marchons à pied sec autour de notre bateau, et nous allons voir de jolies plantations près de là.

Les femmes du bord sont aimables. Madame Howland, qui ne peut se passer d’une vie active, veut se faire blan-