Aller au contenu

Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

— Oui ; arriverons-nous bientôt à l’endroit où nous devons passer la nuit ?

— Vous y serez sous peu ; ne vous tourmentez pas, Mame. »

Un moment après, étant tous assis autour de la table à thé, le bateau fut tout à coup soulevé comme par une forte vague, puis — nous restâmes immobiles, quoique la machine marchât encore un moment. Le capitaine, à table avec nous, et quelques hommes se levèrent et sortirent vivement.

On découvrit bientôt que le pilote en service extraordinaire (l’autre étant malade à Savannah) s’était trompé de cours d’eau et nous avait lancés sur une saillie inondée de la rive, car la lune entrait dans son plein ce soir-là, et la marée était haute.

Le lendemain matin, lorsque le reflux fut venu, nous nous trouvâmes sur terre avec de hautes herbes autour de nous, très-près d’un bosquet de chênes verts et de magnolias en fleurs ; ces derniers avaient sans doute exercé un pouvoir attractif sur notre pauvre petit Magnolia ; son avant était tourné vers le bosquet comme s’il eût voulu y entrer.

Nous étions mal dans nos affaires, et, quoique immobiles encore aujourd’hui 17, au milieu de l’herbe et de la terre glaise, nous sommes salués le soir par le chant des oiseaux, et le lendemain matin par des papillons éclatants qui dansent autour de nous. Un régiment entier de nègres bêche autour de la quille du bateau pour le dégager ; ce travail ne sert qu’à montrer à quelle profondeur il est engravé. Nous dîmes le premier jour : « Quand le flux viendra ce soir… » Mais il vint et n’était pas aussi fort que