apprendre de lui quelque chose sur le pays, les habitants et la manière de vivre en Californie, sur les Chinois, leur culte, leur ordre social, etc. ; mais cet homme savait seulement qu’il apportait plusieurs morceaux d’or et un châle de la Chine pour sa femme.
Aujourd’hui, dans la matinée, nous sommes allés à terre ; nous avons vu une jolie plantation de coton avec belle position sur une haute terrasse près du fleuve. Elle appartient, dit-on, à un M. Valberg. Les cases d’esclaves que j’y ai visitées m’ont plu ; elles annoncent, ainsi que l’extérieur de quelques esclaves revenant du travail, une certaine aisance.
J’ai rencontré près d’un puits où elle allait puiser de l’eau une très-vieille négresse, et lui ai demandé son âge.
« Un peu mieux que cent ans, mame, » répondit-elle.
Les nègres attachent du prix à devenir très-vieux, et le deviennent en effet lorsqu’ils sont heureux.
Je n’aurais emporté qu’une impression agréable de cette plantation, si au retour je n’eusse pas rencontré près de la barrière, du côté de la rive, le surveillant (le planteur et sa famille sont absents), homme jeune fortement membré, ayant ce regard fauve, errant, que j’ai remarqué chez plusieurs surveillants, et qui m’enlève toute croyance à la justice et au bon sens de la manière avec laquelle il traite les esclaves.
Ceux qui bêchent autour de notre bateau ont les membres forts, travaillent vigoureusement, mais avec autant de silence que s’ils creusaient une tombe. Ce n’est pas naturel chez les nègres, et pour moi c’est un mauvais signe.
La chaleur du soleil est forte. Puisse Saint-Mathieu avoir pitié de nous !