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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/35

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

dans une maison de campagne près du chemin de fer ; les maîtres étaient absents, ce qui n’empêcha pas de faire bon feu dans une grande salle.

La nuit était des plus belles. Il y avait autour de la maison un grand jardin rempli de plantes à demi tropicales du genre des palmiers. Je n’en avais pas encore vu de cette espèce, et passai la plus grande partie de mon temps jusqu’à minuit à errer au milieu de ces plantes rares que le clair de lune rendait plus belles encore en les éclairant de sa lumière mystique. — Nos aimables chevaliers, s’étant procuré une voiture, nous conduisirent enfin à la Nouvelle-Orléans, où nous arrivâmes à une heure à l’hôtel Saint-Charles ; il était comble. On finit par nous donner des chambres au quatrième. Lorsque j’entrai dans celle d’Octavie, je trouvai madame Le Vert inondée de larmes et jetée sur une chaise ; Betzy debout, au milieu de la pièce, consternée, les yeux fixés sur sa maîtresse ; elle me dit bas à l’oreille, en indiquant Octavie du regard : « Elle a habité cette chambre il y a deux ans avec les deux petites filles, vous savez, et les a habillées ici pour aller à un bal d’enfant !… »

Je soulevai doucement la tête d’Octavie ; elle me dit seulement : « Voulez-vous changer de chambre avec moi ?

— Très-volontiers. » J’aidai Betzy à opérer ce déménagement, et je restai avec madame Le Vert jusqu’au moment où elle fut calme.

Nos chambres étaient presque sous les combles, et je ne pus m’empêcher de mesurer des yeux la distance qu’il y avait de ma fenêtre dans la cour, en songeant au saut que j’aurais à faire si le feu prenait à l’hôtel pendant la nuit ; car il faut toujours s’attendre à un incendie dans