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LA VIE DE FAMILLE

les grandes villes américaines. Je m’arrêtai à la pensée que pareil bond fait par moi serait — le dernier.

Je fus satisfaite et reconnaissante, le lendemain matin, de me trouver paisiblement dans mon lit. Quant à la pauvre Octavie, elle avait passé son temps à pleurer ; mais je parvins, à force de tendresse, à la distraire.

Je la quitterai cette après-midi pour aller habiter une maison particulière qui m’est offerte, au nom de ses cousins, par mademoiselle W., jeune personne du Massachusett. Son individualité et la manière dont elle m’a fait cette proposition m’ont paru si gracieuses, que j’ai accepté sur-le-champ son invitation. Ceci avait eu lieu avant mon départ pour Mobile. Mademoiselle W. est venue dans la matinée, et m’a dit avec son sourire fin un peu malicieux et calme :

« Je crois avoir le droit de vous demander pourquoi vous êtes dans ce lieu. »

Il fallut promettre de me laisser conduire cette après-dînée dans la rue de l’Annonciation et la maison de M. Cooks. Mademoiselle W. est une véritable descendante des pèlerins, sous le rapport de la fermeté de volonté ; elle y joint le charme qui la rend irrésistible.

Je me trouve de nouveau avec mes amis, Harrison, M. et madame Geddes ; j’irai me promener avec eux dans une heure sur une route faite avec des coquillages, ayant la longueur d’un mille suédois[1] ; elle descend vers la mer. C’est une des merveilles de la Nouvelle-Orléans. M. et madame Geddes habitent à l’hôtel avec leurs deux enfants durant les mois d’hiver qu’ils passent dans cette ville. Beaucoup de familles font de même, moins par goût pour

  1. Environ deux lieues et demie. (Trad.)