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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/42

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LA VIE DE FAMILLE

Je ne regrette pas Saint-Charles ; c’était un hôtel magnifique, cher, peu agréable, et, suivant moi, digne de sa mort. Pour une nuit et la moitié d’un jour passés dans une chambre obscure au quatrième étage, on m’a fait payer cinq dollars et quart. La Louisiane est le plus cher des États de l’Amérique du Nord.

Du 20-27 janvier.

Journées de vie paisible ; vilain temps ; il pleut et bruine avec une persévérance sans égale. Pas une tache bleue au ciel, pas un rayon de soleil, toujours brouillard, humidité et un froid gris. Le temps a mis empêchement aux courses que je devais faire dans et hors la ville. Mais je suis reconnaissante du gîte calme et agréable où je me trouve. Mes hôtes sont doux, pleins d’aménité, fort paisibles, et dans leur maison règnent le bien-être et l’ordre qui distinguent les foyers américains. Mademoiselle W… a de la vie, une ardeur calme, concentrée ; c’est un être réfléchi dont l’originalité et les lectures à haute voix le soir me donnent infiniment de plaisir. J’ai éprouvé une jouissance réelle à lui entendre lire les poëmes et les pièces dramatiques de Bowring. Ce poëte n’est pas grand comme artiste ; il manque de force, d’ensemble dans la composition ; mais il y a quelque chose de grand et de pur dans les sentiments et l’esprit : cela réjouit et réchauffe le cœur. Son chant est empreint d’une énergie héroïque, noble et fraîche ; on se sent comme ranimé par un souffle de vie divine en le lisant.

Je suis allée un soir chez M. et madame Day, amis de Harrison, où j’ai entendu une musique excellente exécutée par quelques amateurs, hommes et femmes des États du Nord.