Aller au contenu

Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Cette scène, si déraisonnable et si dépourvue de goût qu’elle puisse paraître, représente évidemment, quoique à l’état de chaos, l’élément du véritable culte africain. Donnez un sens, de l’ordre, un système à cette ardente et vive explosion de la sensibilité, à cette attente, à ces pressentiments, et ce qui est laid maintenant, deviendra beau ; ce qui est désharmonieux deviendra de l’harmonie, et les enfants de l’Afrique nous présenteront une forme de culte où l’évocation, l’adoration, la louange, répondront à la vie intérieure des âmes ardentes.

Combien n’y a-t-il pas d’individus qui, dans leur jeunesse, et même dans notre Nord glacé, ont, éprouvé une animation religieuse africaine qui aurait pu produire des fleurs et des fruits magnifiques si on lui avait permis de vivre, si elle n’avait pas été étouffée dans la neige et le froid gris des convenances, renfermée dans la religion d’état de la vie !

J’ai visité plusieurs autres églises de la Nouvelle-Orléans, église unitaire, épiscopale, une église catholique portant le nom si cher pour moi de sainte Thérèse ; mais l’esprit céleste de cette sainte n’y était pas. Un Irlandais y prêchait avec un accent velche, et dans aucune de ces « maisons de Dieu » je n’ai trouvé ce que je cherchais, l’édification. Dans l’église de la paroisse nègre, il y avait au moins de la vie, du feu !…

Que dire encore de la Nouvelle-Orléans ? Que c’est une grande ville, avec cent mille habitants, la capitale commerciale du Sud et de la vallée du Mississipi ? Tu trouveras cela dans les livres de géographie. La position de la ville, en forme de croissant, sur la rive du fleuve, est fort belle. Elle a de jolies rues et places, des maisons élégamment entourées d’arbres et de plantes buissonnières,