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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

En attendant, le bon esprit national ne reste pas inactif ; il s’occupe de la création utile d’une grande maison destinée aux marins. Les matelots dont les navires sont dans le port, en charge ou déchargement, pourront y être logés et nourris à bon marché. Jusqu’à ce jour ils n’avaient d’autre habitation ici que les cabarets, véritables repaires de voleurs.

La Louisiane, comme tu le sais, a été découverte par les Espagnols et les Français ; ces derniers tentèrent des premiers de la coloniser. Ils commencèrent, s’arrêtèrent, recommencèrent ; — la chose ne marchait pas ; mais ils parlèrent avec emphase, en France et en Angleterre, de la Louisiane, la représentèrent comme une terre promise, un Eldorado renferment des richesses sans nombre ni mesure, et prêtes à voir le jour. Il en résulta la spéculation gigantesque du célèbre John Law, basée sur cette richesse fabuleuse de la Louisiane ; elle ruina tous ceux qui participèrent au jeu effréné auquel elle donna lieu. Cette grande étendue de pays qui embrasse la partie méridionale du Mississipi, et dont l’Arkansas n’était pas encore séparé, appelée la Louisiane, passa des mains de la France dans celles de l’Espagne, puis revint à la France, qui la garda jusqu’en 1803. Le gouvernement des États-Unis l’acheta alors et la fit entrer dans l’Union comme État indépendant. Dans l’intervalle, la Louisiane avait été cultivée, peuplée de Français, d’Espagnols, d’Anglais, d’Allemands, etc. ; la Nouvelle-Orléans avait grandi lentement au milieu des inondations, des ouragans, et ne paraissait pas destinée à devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

La population de la Louisiane ne se montait pas à cinquante mille âmes (non compris les Indiens), lorsqu’elle fut incorporée aux États-Unis ; sept ans après, elle était