Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LA VIE DE FAMILLE

plus que triplée. Mais la renaissance de cet État et de la Nouvelle-Orléans date de 1812, époque où le premier bateau à vapeur se montra sur le grand fleuve.

La Louisiane est un pays plat, en partie marécageux et spongieux ; cependant elle a des champs fertiles. On y cultive le sucre, le coton, le maïs, l’indigo. Dans ses parties septentrionales, où le sol s’élève onduleusement, il y a des forêts contenant bien des espèces de chênes, des châtaigniers, des noyers, des magnolias, des sassafras et des peupliers. Au sud, on trouve les palmettes, les mûriers, le chêne vert, le cèdre, le pin, et partout une grande abondance de vignes sauvages. La Louisiane contient aussi des rivières navigables, tributaires du Mississipi ; les rivières, les marais, les petits lacs de l’intérieur servent de refuge à une foule d’alligators qui n’osent pas attaquer l’homme fait, mais enlèvent assez souvent de petits enfants nègres. On dit que la Louisiane a beaucoup de plantes vénéneuses, des serpents et autres animaux nuisibles. C’est, somme toute, suivant moi, une contrée peu agréable ; je ne voudrais pas l’habiter quand on me donnerait tout son sucre et son coton.

Il faut te dire aussi quelques mots de l’histoire intérieure de la Nouvelle-Orléans, ou plutôt te parler d’une histoire qui m’a frappée. Le vénérable M. Poinsett, de la Caroline du Sud, m’avait dit que l’institution de l’esclavage paraissait avoir une influence plus nuisible sur les femmes que sur les hommes ; que souvent les femmes avaient été les plus cruels bourreaux des esclaves. Est-ce par un effet du hasard ou par suite de la vérité de cette remarque, que les preuves les plus fortes qui m’ont été données des mauvais traitements exercés sur les esclaves dans la Caroline du Sud ont eu pour auteurs des femmes de la