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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pourrez vous racheter au prix que vous m’avez coûté, je vous donnerai les moyens de gagner cette somme. Vous travaillerez pour moi comme par le passé durant cinq jours de la semaine pour payer votre nourriture, vos vêtements, votre logement ; le sixième jour vous travaillerez pour moi, mais je payerai votre travail, j’accumulerai cet argent et l’administrerai pour votre compte. Voilà pour cette année. La suivante, vous aurez deux jours par semaine où votre travail sera payé, si, bien entendu, vous travaillez comme il faut et loyalement. La troisième année vous aurez trois jours, et ainsi de suite jusqu’à ce que vous ayez complété la somme nécessaire pour n’indemniser et conserver quelque chose pour vous établir à Libéria ; je vous aiderai à y aller une fois que vous serez libre. »

Les esclaves, sachant que Macdonough tiendrait parole, se mirent à l’œuvre avec un nouveau courage, car ils travaillaient pour leur liberté et leur avenir. La chose marcha plus rapidement pour les uns, avec plus de lenteur pour les autres ; mais, au bout de dix ans, tous les esclaves de la plantation s’étaient rachetés, et Macdonough fit leur compte comme il l’avait promis ; ces esclaves pouvaient être rendus à la liberté sans danger, ils s’étaient habitués à travailler, à songer à l’avenir, au gouvernement d’eux-mêmes, du moins sous le rapport de leur vie économique. La plantation de Macdonough était en bon état, les esclaves lui avaient rendu le capital dépensé pour les acheter.

J’ignore si Macdonough avait le projet de faire cultiver ensuite sa plantation par des travailleurs blancs ou des nègres libres ; mais sa méthode d’émancipation mérite d’être étudiée comme l’une des meilleures, des plus sages,