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LA VIE DE FAMILLE

pour effectuer la libération graduelle des noirs et des blancs de l’Amérique du Nord.

Je connais des hommes respectables et réfléchis de la Nouvelle-Orléans qui considèrent une émancipation de ce genre comme offrant peu de difficultés sérieuses à surmonter et dont les suites soi-disant dangereuses ne sont en grande partie que des rêves.

Les propriétaires d’esclaves les plus durs des environs sont, m’a-t-on dit, les Français (leur caractère me le ferait croire), puis les Écossais et les Hollandais. Chez les petits cultivateurs pauvres, les esclaves souffrent souvent beaucoup de la faim, de même que les bestiaux. J’ai entendu parler l’autre jour d’un endroit où plusieurs animaux étaient morts d’inanition.

Je me suis informée des danses et des fêtes des esclaves noirs à Noël et au nouvel an, dont on m’a tant parlé ; mais, la récolte du sucre étant tardive cette année, le travail exigé pour le broiement des cannes s’est prolongé au delà de ces deux époques. On cueille encore le coton dans les plantations, les danses n’ont pas lieu. J’ai couru après ces fêtes des nègres d’un bout à l’autre dés États à esclaves, sans avoir eu le bonheur de mettre la main sur aucune, sans même en avoir entendu citer une comme ayant eu lieu.

Du reste, on m’a témoigné infiniment de bonté à la Nouvelle-Orléans, j’y ai trouvé beaucoup d’amis, ce qui m’a surpris et touché. J’avais toujours ouï parler de la Nouvelle-Orléans comme d’une ville gaie, mais peu littéraire, et M. Harrison m’avait prévenue que ses habitants aiment ce qui est joli. Évidemment ils ne devaient guère trouver de plaisir à me regarder, et cependant ils sont venus et revenus à moi, m’ont comblée de bienveillance, de cadeaux :