schild de Londres ; il a passé cette fonction à son gendre, qui est Allemand. M. Tolmé est un vieillard encore vigoureux ; sa personne et ses manières sont empreintes de bienveillance et de bonne humeur ; il est homme du monde, jovial et spirituel. Sa femme, Danoise par ses parents, a été d’une beauté remarquable, elle est encore fort bien à cinquante ans environ, a les traits fins, une expression de bonté qui m’enchante. La maison est remplie de jolis enfants, quatre fils et cinq filles, ces dernières surtout sont fort agréables. La joie et l’amour se montrent partout dans cette famille : des Européens, Allemands, Anglais, Écossais, Français, entretiennent la jovialité dans ce cercle, où l’on fait aussi de la musique.
Avant-hier, madame Tolmé m’a conduite dans sa volante à la villa de M. et madame Schaffenberg, à quelques milles de la Havane. Nous y avons trouvé une agréable société non invitée ; — mais c’était le jour de réception des maîtres de la maison. On y a représenté des tableaux vivants, on a fait de la musique, on a dansé ; les femmes, remarquablement jolies, étaient ravissantes avec les costumes des tableaux, les hommes fiers et joyeux. La musique a été bonne. La contredanse de Cuba, avec son air original, représente parfaitement le caractère et la vie des créoles, vie molle, badine, voluptueuse et cependant mélancolique, où murmurent et se balancent la brise et les palmiers. Le ton gai et facile de la société, les nombreuses langues qu’on y parlait, la belle soirée, les doux zéphyrs qui voltigeaient, les étoiles qu’on voyait par les portes et les fenêtres ouvertes, faisaient de ce soir l’une des fêtes les plus agréables auxquelles j’aie assisté. Pas de fatigue ni de contrainte ; on s’asseyait, on jouissait, on s’amusait en même temps.
Je suis allée une couple de fois entendre la messe à la