Des chrétiens sur son front multipliait le signe ;
Et de sa mission, fier de se rendre digne,
Chassait les pensers vains qui venaient l’assiéger,
Du noir esprit sans doute ouvrage passager.
Bientôt un char paraît sur le quai populaire
Où se presse la foule, et qu’un beau jour éclaire.
C’est le roi. Mille vœux sont au ciel élancés,
Mille bras sont tendus, mille drapeaux dressés.
Voilà que d’une voix éclatante et sonore
Un chœur de citoyens dit et redit encore
Ce chant qui met nos rois sous la garde des cieux,
Et tout le peuple ému répond au cri pieux.
Une voix manqua seule à ce concert sublime.
Sur le char ralenti l’on vit alors, ô crime !
Le moine s’élancer vers le prince chéri…
Ce moine est Ravaillac, ce monarque est Henri.
Eh bien, ce fanatique a-t-il tué son maître ?
Reprends, reprends pour toi le crime de ce prêtre,
Siècle affreux ! siècle impur ! tu peux le réclamer :
Il t’appartient. Celui que ton bras vient d’armer,
Cet indigne vengeur de la cause chrétienne,
Avait-il sa pensée ? il n’avait que la tienne.
Il a prêté son bras, et toi ta volonté.
Faisait-il bien ou mal ? il n’a rien discuté.
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