Page:Brillat-Savarin - Essai historique et critique sur le duel, 1819.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(15)

deux personnes furent tuées, eut lieu sur la place Royale, à trois heures après-midi.

Malgré l’audace et la publicité de cette action, les coupables ne furent point arrêtés sur-le-champ ; ils eurent tout le temps de quitter Paris, et n’eussent probablement pas été pris, s’ils n’avaient pas mis dans leur voyage une lenteur justifiée en quelque sorte par l’impunité de tant d’autres duels.

Ce ne fut donc point un duel simple que le roi eut à faire punir ; les comtes de Bouteville et Deschapelles durent être regardés comme en révolte ouverte contre l’autorité royale, et c’est par cette raison que Richelieu, alors tout-puissant, soutint la fermeté de Louis xiii, d’ailleurs naturellement sévère. On sait que quand la comtesse, prosternée aux pieds de ce monarque, le conjurait d’épargner le sang de son mari, le prince ne répondit point à sa prière, et dit seulement à ceux qui l’accompagnaient : « La femme me fait pitié, mais je veux et dois conserver mon autorité. »