Page:Brillouin - Leçons sur la viscosité des liquides et des gaz, Tome 1, 1907.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

totale serait alors . Mais comme cette formule représente mal les expériences de Newton, il parait porté à suspecter la précision des expériences, plutôt que la légitimité de son propre aperçu hypothétique.

3. S’Gravesande[1] — Jusqu’ici la résistance due à l’inertie du fluide est prédominante ; il n’en est déjà plus ainsi dans les expériences de S’Gravesande.

Pour traverser le fluide, le corps doit surmonter la cohésion, dit-il (Liber III, Pars IV : De corporibus motis in fluidis. Ch. XV : De resistentia quam patiuntur corpora per fluida mota ; t. 1, p. 527). C’est quelque chose d’analogue à la production de cavités dans l’argile, et des expériences ont appris à S’Gravesande que la résistance est proportionnelle au volume refoulé (p. 233). Cette résistance doit donc être proportionnelle à la vitesse. La propriété spécifique est bien dégagée de l’influence de l’inertie, proportionnelle au carré de la vitesse, variable avec la forme de la proue à égalité de section.

Ces expériences effectuées sous des vitesses relatives assez faibles, par une bonne méthode de pesées, sont bien représentées par la formule à deux termes , que S’Gravesande a tirée de ses considérations théoriques, comme on en peut juger par l’exemple suivant :

Vitesses
1 2 3 4 5 6 7
Résistances observées 50 125 250 400 600 850 1100
» calculées 40 120 240 400 600 840 1120

Cette loi est appliquée dans le Chapitre suivant au mouvement des pendules et contrôlée par les pertes d’amplitude dans l’air et dans l’eau[2].

  1. Première édition. 1719 ; quatrième édition, 1748.
  2. On pourra voir : Poggendorf, Histoire de la Physique, — Montucla, Histoire des Mathématiques, t. Il, p. ^55-465 ; t. III, p. 667-678, 679-690, 737-742. Les indications historiques de Coulomb (§2, Mém. 1801) sont fausses. Par suite d’une lecture trop rapide et incomplète des textes, il a confondu le terme constant de frottement, proposé par Bernoulli, avec les corrections de poussée du fluide, constantes aussi, de Newton et de S’Gravesande.