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l’appareil sous la cloche de la machine pneumatique : les pertes d’amplitude n’ont pas varié.

16. Résultats généraux de ces expériences. — L’amortissement des oscillations du disque, dont la rotation se fait sans déformation de la surface qui limite le liquide, exige que le disque subisse des actions tangentielles de la part du liquide ; le liquide participe lui-même à ce mouvement de rotation alternative pure, comme on peut s’en assurer par l’observation des poussières en suspension ; on voit ainsi que l’amplitude de ce mouvement diminue, et que le retard en phase augmente depuis le disque oscillant jusqu’aux parois fixes. Chaque couche de révolution subit donc un couple variable qui ne peut provenir que d’actions tangentielles internes au liquide.

De ces remarques purement qualitatives résultent déjà deux propriétés :

Entre un fluide (liquide ou gaz) et un solide (mouillé ou non) peuvent s’exercer des actions tangentielles.

L’existence de ces actions, même au repos, lorsque le solide est mouillé, est une conséquence nécessaire de l’adhésion de la couche qui mouille, bien que dans la théorie de la capillarité on se contente de constater le fait sans l’analyser en détail.

Les expériences sur les disques graissés montrent que le fait est plus général, et que ces forces tangentielles existent même quand la surface n’est pas mouillée.

Dans l’intérieur d’un fluide en mouvement peuvent s’exercer des actions tangentielles, liées aux glissements relatifs des parties contiguës du fluide.

Remarquons que l’expérience met en évidence ces actions tangentielles généralement petites, sans exclure la possibilité d’actions normales de même origine ; mais celles-ci ne peuvent pas être mises en évidence d’une manière aussi directe, à cause de la pression générale hydrostatique qui les masque. Nous verrons que leur existence est nécessaire.

Dans une portion de fluide qui se meut comme un solide, c’est-à-dire animée d’une translation et d’une rotation d’ensemble, sans déformation, l’observation vulgaire nous apprend qu’aucun frottement interne ne se produit, pas plus que dans un solide invariable. C’est donc aux vitesses de déformation que ces forces de viscosité sont liées, à l’exclusion des vitesses de translation et de rotation.