entier sorti de son imagination ?
Là encore, n’avait-il pas voulu se jouer de lui.., tromper sa perspicacité… lancer on enquête sur une fausse piste.
Certes, l’histoire était vraisemblable, et corroborait parfaitement tout ce qu’il en savait… tous ces faits, élucidés par l’homme qui avait pris la personnalité de T. D. Shap s’adaptaient parfaitement et éclairaient d’une manière éclatante les coins les plus secrets de ce mystère du B-14.
Mais il avait affaire à si forte partie…
N’avait-il pas le droit de se méfier ?
Arrivé boulevard du Palais, tout de suite, il se dirigea vers le service anthropométrique. Il y était connu.
— Tiens… cet excellent M. Rosic… Quel bon vent vous amène ?
— Connaissez-vous un certain Barnabé ? demanda Rosic tout de go.
L’employé qui l’avait salué, et qui était un vieux routier, fouilla une seconde dans son souvenir.
— Barnabé… Attendez… Oui, ce nom ne m’est pas inconnu… Barnabé… J’y suis. Barnabé… l’affaire de Fontenay… une villa cambriolée en plein jour… sous l’œil du concierge… Ah ! oui… Un malin… Il a été condamné à trente ans de travaux forcés… Il y a huit ans. Il doit être au bagne, à cette heure…
— S’il ne s’en est pas échappé…
— Nous le saurions…
— Hum… Hum…
Rosic savait ce qu’il en était, et que les services, malheureusement, ne se renseignent pas souvent entre eux.
Et il dit :
— Vous devez avoir une photo de ce négociant ?
— Certainement…
— Voudriez-vous me la montrer ?
L’employé regarda Rosic.
— Vous manigancez quelque chose, vous… Oh ! je sais… Vous êtes un malin… Et quand vous pouvez mettre dedans la Sûreté de Paris, vous ne prenez pas de mitaines, histoire de montrer qu’à Lyon on est aussi mariole qu’ici…
— Mais non… mais non…, fit Rosic.
Certes, en toute autre circonstance, ce compliment détourné lui aurait plu… Mais en l’espèce et dans les circonstances, il lui faisait l’effet d’une amère ironie…
— Allons ! fit l’employé. Je vais vous montrer la sympathique physionomie du nommé Barnabé… enchanté si cela peut vous être utile…
Il fouilla dans des casiers, ne fut pas long et présenta à Rosic une épreuve sur laquelle le chef de la Sûreté de Lyon jeta les yeux.
— C’est bien lui… murmura-t-il.
L’erreur n’était pas possible… c’était bien la tête trouvée sur le bord de l’Isère… laquelle tête s’adaptait si bien au corps décapité du cadavre trouvé dans le B-14.
Burnt ne lui avait pas menti.
— Vous le reconnaissez donc ? demanda l’employé.
— Oui… Et vous pouvez le rayer de vos contrôles, car à cette heure, il y a des chances pour que ce Barnabé n’inquiète plus la police…
— Pourquoi cela ?
— Parce qu’il est mort…
— Petite perte…
— Mort, assassiné dans un train de luxe !
— Ah ! bah…
Mais Rosic n’était pas en train de raconter des histoires ; il remercia l’employé du service anthropométrique, et quitta les bureaux.
Il n’y avait pas de doute. Les choses s’étaient bien passées comme Burnt le lui avait dit. En tout cas, un malin ce Burnt…
Et tout à coup un soupçon effleura l’esprit de Rosic.
Et, si ce n’était pas Burnt… si c’était en vérité ce T.-D. Shap ?
En somme, l’affaire était importante… une grosse affaire d’espionnage peut-être… T.-D. Shap l’avait éclaircie… et il n’aurait pas cherché à en tirer tout le bénéfice ?
Ce Burnt et ce Wistler pouvaient fort bien être des Américains… T.-D. Schap était peut-être sur leur piste… Mais il lui manquait la valise… et il se l’était procurée…
Les policiers se jouaient souvent de ces tours-là.
En somme, seuls un bandit ou un policier étaient capables d’avoir subtilisé cette valise avec tant d’adresse.
Ce Burnt aurait-il été assez malin pour travailler de façon aussi remarquable ?
Cette pensée consola Rosic, qui trouvait moins humiliant pour lui d’avoir été roulé par un confrère, surtout quand ce confrère était une des sommités de la police mondiale, que par un simple particulier.
Il pouvait en avoir le cœur net… Il n’avait
pas quitté la Sûreté… Là, on connaissait