Page:Brisset - Le mystère de Dieu est accompli.djvu/41

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sexuelle, et c’est dans cette vision béatifique, s’appelant et se stimulant, que leur esprit, le nôtre aujourd’hui, s’est formé ; car l’esprit est né de la chair et pour cela la chair a dû être torturée par tous les feux de l’amour le plus furieux.

On voit clairement par cette explication ce que va devenir l’analyse de la parole, car toutes les syllabes et presque tous les mots ont pris là leur naissance.

C’est pourquoi avant de pénétrer dans ce sanctuaire caché jusqu’à ce jour à l’esprit souillé des hommes, nous répétons avec les séraphins d’Ésaïe : Saint, Saint, Saint, est l’Éternel, le Dieu des armées ! Sainte, Sainte, Sainte, est la Parole de Dieu qui demeure éternellement ; c’est l’esprit de l’homme qui est impur et souillé.

Première valeur des cris de l’ancêtre

Ainsi que nous l’avons démontré dans la Grammaire logique, De la formation des langues, sans entrevoir où l’Esprit nous conduisait, le verbe avoir est le créateur de toutes les formes de la langue, et au chapitre des Révélations, poussé par l’Esprit, nous écrivions que les premiers cris sont des impératifs. Or, l’impératif du verbe avoir est : aie. Aie = prends. L’impératif qui crée la parole donne donc à tout cri la valeur primordiale de prends. Le verbe avoir tout entier possède cette valeur : J’ai faim = Je prends faim ; j’aurai le temps = Je prendrai le temps.

Mais comme nous venons de le voir, l’ancêtre ne prenait qu’avec la bouche que nous appelons bec, un de ses noms les plus anciens. Par conséquent, tout cri designe le bec nominativement ou, tout au moins, verbalement. Ainsi le mot prends désigne la main verbalement, car le mot prends fait tendre la main.