Page:Brisset - Le mystère de Dieu est accompli.djvu/42

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D’autre part l’ancêtre ne poussant des cris pour la première fois que stimulé par les feux sexuels et le plus souvent par des érections furieuses, chaque cri appelle le bec sur le sexe et tout cri désigne aussi le sexe. On doit savoir que chaque sexe est pourvu d’un bec. Le mot bec désigne donc la bouche et les sexes et tout cri primitif a eu cette même origine.

Pour se rendre propice celui que l’on appelait vers le sexe, il arriva tout naturellement qu’on lui offrit au bec un manger, généralement bec à bec, et ainsi presque tout cri désigna peu à peu un manger. Mais l’ancêtre ne prenait pas au bec sans voir, cela lui coûtait souvent cher quand il le faisait, il regardait, flairait, sentait, léchait, suçait, etc. Tout cri prend donc subséquemment une valeur impérative secondaire avec celle de prends : suce, lèche, vois, etc.

Nous résumons cela en disant : Tout cri désigne le sexe, le bec, le manger et possède la valeur impérative de : prends, vois, regarde, lèche, suce, etc. (La valeur impérative existe sans la forme impérative verbale : Je t’ai, par exemple, donne l’ordre de prendre.)

Ce sont donc là les premiers actes auxquels servit la parole. Ces actes firent naître les esprits d’attraction, d’amour, de bonté, de crainte, de répulsion, d’horreur et de dégoût ; en un mot, tous les sentiments du cœur humain. Ces besoins sexuels déterminèrent tous les mouvements, toutes les actions, qui se trouvèrent désignés par les cris qui les accompagnaient le plus souvent.

On offrit ensuite au bec toutes les plantes, bonnes ou mauvaises, les objets répugnants et affreux aussi bien que les appétissants. Les mots créés se portaient d’eux-même, à l’occasion, sur les objets environnants et sur les plus éloignés, car tous les mots sont sortis de l’homme et se sont étendus jusqu’au delà des bornes de l’infini. Les mots ne sont pas venus du dehors de l’homme en lui.