Page:Brisset - Le mystère de Dieu est accompli.djvu/63

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entendre clairement le cri coac pour appeler à la coaction. Elles se réunissent en foule à l’époque des amours printanières et font éclater des chants qui ne cessent pas. De même que l’homme, la grenouille est peu matinale, mais ces chers petits êtres aiment les soirées chantantes. La grenouille passe l’hiver engourdie dans le fond du limon et c’est par une suite de cette faculté que les fakirs de l’Inde se font enterrer, jusque pendant trois mois, et sont rappelés à la vie par de tièdes ablutions.

La grenouille a le cou engoncé dans les épaules. Le développement du cou vint en même temps et après la venue du sexe qui était l’indice que l’on était né. On disait donc : Il est né, cou est fait, quand le cou était formé et c’était un grand bonheur d’être né coiffé, car la venue du cou donnait des torticolis dont nous souffrons encore. Qui était né coiffé était haut collet monté. Je suis haut, col est monté ; tu es bien, col est monté. Quelle précision ! Le cou monta des épaules. La venue du cou dégagea la première coiffe, le à cou est feu. En se dégageant cette coiffe ou tête donnait un feu dans la gorge et autour du cou. La souffrance chez les démons se nommait feu.

La Loi qui préside à cette partie nous montre, en allemand, avec : die Zaehne im Munde = les dents en la bouche (die zeihen = qui tirent, die Zaine = les barres, die seihen = qui filtrent, die sehen = qui voient), que les dents voient, filtrent, barrent et tirent en la bouche. Die Zaehne = les dents, die Zehn ou Zehen = les dix, die Zehen = les orteils, (le tout se prononçant presque : dizaine), et Zaehlen = compter, prouvent que l’on compta les orteils et la venue des dents à partir de dix. En anglais, le pluriel dents : teeth, se prononce presque dix. La bouche présentait chez l’ancêtre : dizaine, deux dizaines, die Zaehne. Il y en avait dix à chaque