Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/102

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« Inutile de remettre ce ruban ! Il tombera toujours. Votre boutonnière ne peut s’empêcher de rire !! » Ces trouvailles, qu’on se répétait le lendemain, mettaient Paris en joie. Et c’est ainsi que Scholl affirma sa royauté. Il produisait, entre temps, car il fut grand travailleur, des comédies spirituelles, des romans et des contes ingénieux, voire quelques vers, qui valaient pour le moins ceux de Mürger. Tout ceci ne comptait pas. Scholl avait son étiquette : il était l’homme de France qui faisait le plus de « mots ». Et il fit des mots, sans se lasser, le plus aisément du monde ; les mots lui venaient comme les fruits viennent aux arbres, par l’impulsion d’une force naturelle : mais ils lui venaient en toutes saisons…

Aujourd’hui, M. Scholl est arrivé à l’âge où les généraux quittent le commandement et le passent aux cadets. Il s’est un peu détaché du journalisme ; il montre une politesse bienveillante aux jeunes cannibales du Mercure de France et de la Plume, qui l’honorent, en retour, de quelques égards. Mais je crains que, de part et d’autre, cette sympathie ne manque de sincérité. Et M. Scholl est, je pense, très heureux. Il a rempli sa destinée, il a gardé sa belle humeur. Il aime les animaux, et sa maison en est pleine, ainsi que d’amis. Il a son perroquet Antoine et son camarade Chincholle, auxquels il a voué une grande affection. N’établissez, je vous prie, aucune assimilation entre M. Chincholle et Antoine. Antoine est un être au cœur sec, égoïste et vicieux. M. Chin-