Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/121

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temps méditée. Enfin, que vous dirai-je ?... Il séduit... On lui connaît des faiblesses, et on les lui pardonne, car elles deviennent aimables en passant par lui... Il a du courage et il l’a prouvé en allant sur le terrain, et en s’y comportant comme feu Saint-Georges. Il y a en lui du gentilhomme et du philosophe, courant volontiers les tripots et les ruelles, et puisant en ce commerce un enseignement. Ce moraliste a prodigué d’excellents conseils à ses contemporains. Il n’a oublié que d’y conformer sa vie. On a souvent comparé Henry Fouquier à un Athénien épris d’art et de beauté, et ayant la ceinture un peu lâche. Il me fait songer plutôt aux grands seigneurs qui peuplaient la cour galante et facile du Régent...

Concevez-vous ce qu’il eût été, si le ciel l’eût fait naître à cette époque ? Je le vois, issu d’une noble et riche famille du royaume. On le remet aux mains des jésuites, qui lui inculquent les principes d’une solide culture, mais qu’il déconcerte par la vivacité de son humeur et ses velléités d’indépendance. Il est impatient de s’arracher à l’autorité paternelle et de se mêler au monde. Enfin, le voilà libre, avec la disposition de sa fortune. Le roi et les duchesses lui veulent du bien. On lui confie un emploi dont il s’acquitte d’une façon brillante. Son ambition croît avec le succès. Il n’est pas un poste qu’il ne convoite et qu’il ne soit, en effet, capable d’occuper. Il est ambassadeur, il est ministre, à l’occasion homme de