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M. ÉMILE BERGERAT


Il faudrait être un autre Bergerat pour parler congrûment de M. Émile Bergerat. Il est vrai d’ajouter qu’il n’a besoin de personne pour cet office, et qu’il y suffit parfaitement. Si l’on réunissait les chroniques, préfaces, manifestes, fantaisies en vers et en prose, qu’il a consacrés à son apologie, à ses haines, à ses malheurs, on aurait la matière de vingt volumes. On y trouverait des pages qui se répètent. M. Bergerat a publié cinquante fois sa catilinaire bien connue contre la Comédie-Française, et renouvelé cent fois pour le moins l’accusation de tripatouillage qu’il lança contre un directeur de l’Odéon. Mais on lui pardonne ses redites, en considération de sa belle humeur. Car M. Émile Bergerat a la colère extrêmement comique. Il n’est jamais si gai que quand il se fâche. C’est ce qui fait souhaiter à ses admirateurs qu’il continue d’avoir quelques mécomptes, et particulièrement au théâtre. Jusqu’ici, leur vœu s’est réalisé. M. Bergerat