Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/160

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Le mobilier Séculaire de la poésie et des belles-lettres (vieil ébat triomphant du grimoire) est enfoui dans une armoire et détrôné par un art plus neuf, par l’art de la symphonie, du drame lyrique, par l’art de Richard Wagner…

L’épicier de lettres. Cette interprétation ne me paraît point déraisonnable…

Le premier initié. Permettez, messieurs ! Elle me paraît, à moi, tout à fait contraire aux intentions de l’auteur !

Le symboliste. Et en quoi donc, s’il vous plaît ?

Premier initié. Vous commettez un énorme contre-sens ! Vous alléguez que Richard Wagner a supprimé la poésie, quand au contraire il l’a exaltée, quand il en a magnifié l’auréole. Bien loin de l’abolir, il l’a élargie, vivifiée, il lui a ouvert des horizons que l’on ne soupçonnait pas. Ce qu’il a détruit, ce sont les formes surannées de la musique, l’opéra mélodramatique et l’opéra-comique, ce vieil ébat du grimoire, ces hideux hiéroglyphes, ces œuvres sans noblesse, propres tout au plus à propager de l’aile un frisson familier… Ce vers, à lui seul, éclaire le texte. Je suis surpris qu’un critique sagace, comme vous l’êtes, ait pu s’y tromper…

L’épicier de lettres. Eh ! mais cette version me donne à réfléchir. Il se pourrait qu’elle fût la bonne !

Le symboliste. La bonne ! Vous êtes fou, je pense, avec votre opéra-comique ! Pourquoi pas l’opérette, et les féeries du Châtelet ? et les ballets des Folies-