Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/161

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Bergère ? Le Prince est un trop haut esprit pour prêter à Wagner des préoccupations indignes de lui. Wagner s’inquiétait bien vraiment des serinettes d’Auber ! Il ne les apercevait même pas de son Olympe. Le vers que vous citez (à propager un frisson familier) s’applique uniquement et la poésie…

Premier initié. À la musique !

Le symboliste. À Alfred de Musset !

Premier initié. À Adolphe Adam !

L’épicier de lettres. Messieurs, je vous en supplie, tâchez de tomber d’accord !

Second initié. C’est moi qui vais vous y mettre…

L’épicier de lettres, poussant un soupir de joie. Enfin !

Second initié. Vous cherchez l’un et l’autre midi à quatorze heures. La solution est bien plus naturelle. Le prince ne s’est pas perdu dans ses spéculations transcendantales. Il a visé un détail matériel, précis. Lisons tranquillement ses vers, sans leur attribuer un sens figuré. Ils vont s’illuminer aussitôt. Quelle révolution a opérée au théâtre Richard Wagner ! La révolution de la mise en scène. Il a remplacé le décor humain par le décor de rêve. Et c’est de cela que le poète le loue. Il lui rend grâce d’avoir délivré le théâtre de ses accessoires surannés (enfouissez-le-moi plutôt dans une armoire) et remplacé ces grotesques enluminures par d’héroïques pages de missel (Trompettes tout haut d’or pâmé sur les vélins)… Vous rendez-vous à l’évidence ?