Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/41

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une égale prédilection à décrire la messe noire du chanoine Docre, les infâmes pratiques de Mme Chantelouve et l’idéale perfection de l’abbé Boullan, qui symbolise les vertus du prêtre. En route et la Cathédrale, qui succédèrent à Là-bas, marquent les dernières étapes mystiques parcourues par M. Huysmans. Sa fièvre s’est apaisée ; s’il est encore troublé par le satanisme, il découvre un refuge qui le délivre de ce tourment. Huit jours de méditation au fond d’un cloître ont suffi pour le guérir… M. Huysmans consacre cinq cents pages d’un texte serré à examiner cette crise par où passe son héros, Durtal. C’est l’analyse d’une âme, et non pas d’une âme se développant de la naissance à la mort, mais d’une âme localisée dans un court espace de temps. Le récit du séjour au couvent de la Trappe absorbe à lui seul les trois quarts de En route. Quand on l’a fermé, après en avoir savouré le charme puissant, on est assailli par d’étranges doutes. On se demande, à supposer — ce qui est admissible — que M. Hysmans se soit dépeint sous les traits de Durtal, si le littérateur, en lui, ne fait pas tort au chrétien, si sa confession, par cela même qu’elle est divulguée, ne perd pas de sa valeur et de sa franchise. Car, enfin, un homme de lettres est toujours homme de lettres par quelque côté. M. Huysmans, en écrivant son roman, devait songer, malgré lui, au public qui serait appelé à le juger. N’a-t-il pas cédé au désir très naturel de le divertir en insistant plus que de raison sur les ten-