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En revenant du Lido


Oh ! malheur à celui dont la mâle constance
Veut braver sa fortune et braver l’existence ;
Qui, cent fois éprouvé, mais sourd à la frayeur,
S’obstine au fol espoir d’un avenir meilleur :
Au livre où de tout temps nos heures sont prédites
Ses yeux ne liront plus que des lignes maudites ;
L’inflexible destin, d’un doigt mystérieux,
Trace autour de ses pas un cercle impérieux,
Et riant des combats où s’use sa faiblesse,
Dans le cercle fatal le ramène sans cesse,
Tant qu’épuisé d’efforts il tombe sans appui.
Victime de lui-même et victime d’autrui.
Lido ! Lido ! j’ai vu tes grèves désolées,
Ton sable jaune et fin, où confuses, mêlées,
On retrouve le soir les traces des serpents
Au soleil de midi déroulés et rampants :
Ici venait Byron ; d’un œil mélancolique
Il regardait au loin briller l’Adriatique,
Ou, pour dompter son âme, il poussait au galop
Son coursier hennissant au bruit de chaque flot,