Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/229

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« Mais la misère est la plus forte.

Que ne suis-je en notre maison !…
— Vous mendiez de porte en porte,
Et vous méritez la prison. »

Ah ! juge, voyez cet œil cave
Et ce front de pâleur couvert
Si jeune avec un teint si hâve !
L’innocent, comme il a souffert !

Quoi ! la pauvreté, c’est un crime !
Loi sans cœur, fille de l’argent !
Ce qu’il faut plaindre, on le réprime ;
Le malfaiteur vaut l’indigent.

Ce corps déjà vieux et sans flamme
Vous a laissé voir tous ses maux ;
Sondez aussi cette bonne âme,
Prête à s’ouvrir aux premiers mots.

Ô discours vrais et pleins de charmes !
Croyance, bonne foi, candeur
Qui des yeux fait jaillir les larmes,
Germer la pitié dans le cœur !

« Parlez, Job ! Par un soir d’automne
Quand vous erriez sur le pavé,
En secret demandant l’aumône,

Sous vos habits qu’a-t-on trouvé ?