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De l’ouvrier dans la misère

C’était le Guide et le Devoir ;
Monsieur, c’était une prière

Que je lisais matin et soir[1]… »

 

II


Ô douce voix de la faiblesse,
Comme au cœur le plus dur vous entrez sans effort !
Honte à qui vous entend et lâchement s’endort !
Pour l’enfance pitié ! Pitié pour la vieillesse !
Le fort cache souvent l’épine qui le blesse,
Hélas ! pitié pour le plus fort !

Au seuil d’un cachot d’Italie,
Sur un marbre j’ai vu la Mère de Douleurs ;
J’ai vu son beau visage inondé de ses pleurs ;
Elle ouvrait au passant une main qui supplie,
Et sa bouche disait avec mélancolie :
Ayez pitié de leurs malheurs !

Pour tous ceux que leur sort enlace
Pitié ! cœurs sans espoir, corps usés de travaux,
Tous pareils en misère à ces pauvres chevaux
Qui, sous l’équarrisseur, mornes, la tête basse,
Attendent qu’on leur donne enfin le coup de grace,
Signal de l’éternel repos.

  1. Historique