Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/250

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Belle innocence, tu charmais
Celle que le méchant n’épouvanta jamais ;
Ta faiblesse domptait seule la noble bête :
Sous la main d’un enflmt elle courbait la tête.
La vierge qui pleurait sous d’odieux soupçons
S’écriait : « Chassez-moi des temples, des maisons !
Sous l’arbre où le ramier gémit est mon refuge,
La licorne sera mon juge :
Coupable, de son glaive elle ouvrira mon cœur ;
Pure, elle me suivra comme on suit une sœur. »
 
De la jeune Vali pareille fut l’histoire :
Vierge à la peau dorée, à la prunelle noire,
Ses cheveux reluisaient blondis par les safrans,
Couleur que l’Inde envie à la terre des Franks…
Et sous ses lèvres de l’ivoire !


LE ROI ET VALI

Or dans Madras vivait un roi plein de savoir ;
Le grand poète indou le peint avec délice :
Un prince hospitalier, ami de la justice,
Ayant sur tous ses sens un absolu pouvoir,
Esprit dénué d’artifice.
Sa promesse, toujours ce roi l’accomplissait ;
Les pauvres le nommaient Père lorsqu’il passait ;
Aimé des ignorants, des lettrés et des prêtres.
Il soignait l’animal, il relevait la fleur ;
Ce sage avait mis son bonheur
Dans le bonheur de tous les êtres.