Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
HISTOIRES POÉTIQUES

Du brave sacristain la voix toujours plus forte
Jusqu’aux voûtes montait, lorsque la grande porte,
S’ouvrant, me laissa voir (scène présente encor !)
Des femmes qui portaient un long ornement d’or,
Une étole splendide, où ces femmes, ces filles
Avaient tout un hiver émoussé leurs aiguilles
Pour le saint protecteur qui de là, dans un coin,
Peut bénir les vaillants qui combattent au loin,
Sur tes bords, ô Crimée ! oui, leurs fils et leurs pères,
Leurs amants. Et les sœurs n’oubliaient pas les frères.
Le cortège, fêté par la cloche, avança.
Lorsque la plus âgée au cou du saint passa
L’étole d’or, l’enfant répandit ses corbeilles,
Et ses petites mains, plus que les fleurs vermeilles,
— Ainsi Jésus enfant travaillait de tout cœur, —
Sur la nef, les tombeaux et le pavé du chœur,
Semèrent les bluets, les fraîches églantines.
Les glaïeuls nés aux voix des ondes argentines :
Des guirlandes de buis tenaient comme lié
Le saint toujours vivant de ce bourg oublié.