Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/109

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Passant à l’Armor, tout près du saint lieu,
Il voulut entrer et prier un peu :
 
« Quand je vins chez vous, sainte Anne d’Armor,
La première fois j’étais jeune encor.

« Avais-je vingt ans ? Je ne le crois pas :
Pourtant j’avais vu plus de vingt combats,

« Combats où mon bras fit bien son devoir,
Mais gagnés surtout par votre pouvoir.

« Si dans mon pays sans mal je reviens,
Mère, vous aurez part dans tous mes biens.

« Un cordon de cire épais de trois doigts
Autour de vos murs tournera trois fois.

« Dame, vous aurez, pour prix de mes jours,
Robe de brocart, manteau de velours.

« Vous aurez aussi bannière en satin
Avec un support d’ivoire et d’étain.

« Sept cloches d’argent sur votre beau front,
Le jour et la nuit, gaîment sonneront.

« Puis j’irai trois fois remplir à genoux
Votre bénitier : Mère, entendez-vous ?

— Chevalier Lez-Breiz, va combattre, va !
Ton rival est fort, mais je serai là. »