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Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/123

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II

Tel, grand saint Wennolé[1] (de la sainte Armorique
Premier abbé), tel fut le monastère antique,
L’asile merveilleux qui s’ouvrit à ta voix
Sur le bord de la mer, aux lisières des bois.
Fuyant le clan royal, la famille et ses charmes,
Tout, et même l’éclat étincelant des armes,
Tu voulus ici-bas vivre en contemplateur.
De la céleste vie ô candide amateur !
Et des enfants pieux, tes compagnons d’étude,
Te suivirent fervents dans cette solitude.
Le poil noir d’une chèvre était ton vêtement ;
Un pain d’orge grossier, sans sel, ton aliment…
Délicieux jardin cependant, frais royaume,
Vrai paradis terrestre, Éden où tout embaume :
Là de l’ombre, des fleurs et des fruits savoureux,
Parure de l’autel, régal des malheureux ;
À l’aurore, on voyait sur les roses vermeilles
Des anges voltiger, lumineuses abeilles,
Et la nuit, quand le chœur léger venait encor,
Les harpes de cristal avec leurs cordes d’or,
Sur l’église, l’enclos, les cellules bénies,
Versaient incessamment des ondes d’harmonies.
Voilà comme des saints florirent ici-bas :
Ils vieillissaient en Dieu, mais ils ne mouraient pas.

  1. Ou mieux Gwennolé, Tout-Blanc.