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Lina


À Madame Audren de Kerdrel


 

I

Lorsque l’étang est calme et la lune sereine,
Quelle est, gens du pays, cette blanche sirène
Qui peigne ses cheveux, debout sur ce rocher,
Tandis qu’à l’autre bord chante un jeune nocher,
Dont la barque magique, à peine effleurant l’onde,
Rapide comme un trait, vole à la nymphe blonde,
Et, jusqu’au point du jour, par les vagues bercés,
Ils errent mollement l’un à l’autre enlacés ?
— Oh ! c’est là, voyageur, une touchante histoire !
Mon aïeul me l’a dite et vous pouvez y croire. »

II

Fille d’un sang royal, espoir de sa maison,
Blanche comme l’hermine à la blanche toison,
Lina, qui n’avait vu que sa quinzième année,
Amèrement pleurait déjà sa destinée :

« Plutôt que de tomber sous ta serre, ô vautour !
Dans ce lac qui m’attend trouver mon dernier jour ;