Cent fois à votre porte n’ai-je point fuit ma quéte,
Couché dans votre grange et mangé votre pain ?
Reprenez donc le blé qu’avait glané ma main.
Votre enfant mâle est mort : Fanche, le petit Fanche
Dort à jamais couché dans son berceau de planche ;
Lorsque nul rejeton d’ailleurs ne peut sortir,
Laissez dans Renéa votre espoir refleurir. »
Elle n’ajouta rien, l’antique et bonne fée :
Il semblait que par l’âge et la joie étouffée,
Centenaire, à ce monde elle eût fait ses adieux.
Heureuse en s’éteignant de laisser des heureux.
Et les deux jeunes gens, près d’elle sur la terre,
La suppliaient de vivre et l’appelaient leur mère :
« Eh bien, oui ! quelques jours encore et puis finir.
Je veux voir votre noce, enfants, et vous bénir. »
Mais les gais artisans, nomade caravane,
Achevant au départ de brûler leur cabane,
Disaient : « Riche Tan-gui, te voilà métayer ;
Tout le jour dans tes champs, le soir à ton foyer :
Laboureur, sois heureux !… Nous, rentrons sous les hêtres
Et sous les bois sacrés, amis de nos ancêtres,
Car l’homme a dans les bois ce qui suffit au sort :
Un toit durant sa vie, un cercueil à sa mort. »