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Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/200

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Le Gardien du Phare
À Monsieur Alfred de Courcy


 
Enfermé dans sa tour depuis bien des semaines,
À neuf milles en mer, par une sombre nuit,
Comme un maudit exclu des familles humaines,
Le bon gardien chantait pour calmer son ennui :

I

« Sur un ilôt désert si je vis en sauvage,
Ce n’est point par horreur des choses de notre âge ;
Comme un pieux ermite, hélas ! seul en ce lieu,
Hélas ! je ne suis point venu pour prier Dieu.

II

« Dans une tour de pierre au-dessus de l’abîme
Les hommes ne m’ont pas enfermé pour un crime ;
Au juge mon honneur ne doit pas un denier ;
Libre, je me suis fait mon propre prisonnier.