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II

Vivant, parmi les morts je l’ai mis au cercueil,
Au cercueil de mon cœur, sans haine et sans prière.
L’ombre de l’amitié menait encor le deuil.
 
Elle me rappelait ton fraternel accueil
Quand me riaient tes yeux, quand ta main familière
À ma main s’unissait comme le lierre au lierre.

À présent marche seul, grandissant et plus fort :
D’autres applaudiront à tes jours de victoire,
Dans tes chutes aussi plus d’un verra sa gloire,
Pour moi je suis aveugle et sourd devant ton sort.

De la vengeance ainsi m’épargnant le remord,
Je laisse tout ingrat s’éteindre en ma mémoire.
Mon cœur s’ouvre pour lui comme une tombe noire,
Et je dis impassible : « Il est mort ! il est mort ! »