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Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/292

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Meurt, tandis qu’un pervers sort enflé de la Bourse…
Dût ton cœur se briser, poète, cependant
Il faudra te plonger au fond du gouffre ardent.
Comme Dante, il faudra dans cet enfer descendre :
Va vivre dans le feu, nouvelle salamandre !
Satire, jette ici tes austères leçons !
Ah ! si les murs s’ouvraient de toutes ces maisons,
Par les brumeuses nuits, par les sombres novembres,
Des cris de désespoir viendraient de bien des chambres !
Juste indignation, éclate ! Nuit et jour,
Heurte au seuil des palais, hante le carrefour ;
Tes tablettes en main, comme un censeur antique,
Va partout relever la morale publique,
Et punir les forfaits, et venger les malheurs.
Que l’Élégie aussi laisse couler ses pleurs !
Lorsque sa brave sœur, l’œil en feu, se courrouce,
Elle arrive à pas lents, mélancolique et douce,
Plaignant les maux soufferts, consolant l’amitié,
Et versant dans les cœurs endurcis la pitié.
Mais sous les noirs cyprès, toujours, sainte Élégie,
Ta paupière n’est pas de pleurs amers rougie.
Un enfant inconnu, perdu dans la Cité,
Ainsi nous raconta ses belles nuits d’été.
Poète, il avait fait de sa vie un poème.
Marne, en suivant tes eaux, il rêvait sur lui-même.
Vous l’avez vu souvent, fermes de Bagnolet,
Dans vos crèches, heureux de s’abreuver de lait,
Pleurer sur un roman au bord d’une fontaine.
Puis à regret marcher vers la ville lointaine.
Pourtant l’humble rimeur, dans Paris endormi,
Savait (lisons ses vers) retrouver un ami :
« Il chante tous les soirs, prisonnier dans sa cage,