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Le fer devient acier par l’onde et par la flamme !
Le corps se fortifie à la lutte, ainsi l’âme !
Sur le doute expirant revit la piété !
Sous le glaive ton front se dresse, ô Liberté !


IV

Et toi, muet témoin de ces scènes étranges,
Qui croyais voir entre eux communier les anges,
Poussé par la discorde à ces banquets d’amour,
Bientôt avec le prêtre en un calme séjour,
Proscrit, je te retrouve ; et prêtre et patriote
Partagent le travail du bon fermier, leur hôte.
Le saint vieillard instruit les pâtres, les enfants ;
Toi, versant le trésor de tes livres savants,
Tu dis les arts nouveaux, la nouvelle culture,
Et ta leçon paîra la sobre nourriture.
Qu’un mal à soulager vous appelle au dehors,
Vous voilà, médecins et de l’âme et du corps,
Déguisés tous les deux sous un habit rustique,
De partir ; mais un bloc de roche granitique,
Une plante marine, un insecte inconnu,
Souvent fixent tes yeux : le vieillard ingénu,
Disciple en cheveux blancs, apprend, belle âme pure,
Par amour de son Dieu, l’amour de la nature ;
Toi-même avec bonheur, comme un doux écolier,
Tu forces ton esprit superbe à se plier ;
Tempérant ta raison, loin du monde sensible,
Tu suis l’inspirateur aux champs de l’invisible.