Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/66

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Témoignait que la paix si longtemps attendue,
La paix à son esprit était enfin rendue,
Que de sombres pensers ne troublaient plus ses sens,
Et que son cœur brûlait comme un vase d’encens ;
Même des assistants, à voir ces airs de fêtes,
Souriaient, et la joie illuminait leurs têtes.
La messe terminée, entre les deux amis
Les longs épanchements furent enfin permis :
Une table dressée à l’ombre de la treille,
Où la fraise embaumait, où brillait la groseille,
Où le miel et la crème étalaient leur blancheur,
Les reçut : ô moments de calme et de fraîcheur !
Les prières aussi revinrent, les prières
Sont filles du bonheur autant que des misères ;
Heureux ou malheureux, l’homme s’adresse au ciel
Pour bénir le miel pur, pour écarter le fiel.

V

Toi, que ces vétérans de nos guerres civiles
Invoquaient, pour jamais habites-tu nos villes,
Belle vierge au front d’or paré de blonds épis ?
Les vents qui t’éloignaient se sont-ils assoupis ?
A peine tu parais, ô divine Concorde,
Le rival, pardonnant à son rival, l’aborde :
La main serre la main, le rire est dans les yeux ;
Viennent les amitiés et les amours joyeux ;
Le féroce armurier ne frappe plus l’enclume,
Pour le soc bienfaisant la forge se rallume ;