Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/65

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Un chef des écoliers de Vanne, un ruban blanc :
Mon coup part, et soudain son coup me perce au flanc !
Plus que ma balle à moi cette balle était sûre.
Dieu sait combien de temps j’ai senti sa morsure ! »

Et le prêtre : « Ô Seigneur ! ô Vierge ! il n’est pas mort !
Je dépose à la fin le fardeau du remord !
Je n’ai plus à marquer un sombre anniversaire !
Ma messe d’aujourd’hui n’est donc plus mortuaire !
Mutuels meurtriers, l’un l’autre embrassons-nous,
Et, tous les deux sauvés, fléchissons les genoux…
Puis venez à l’autel : devant le divin Maître
Arrivons en amis, et l’artiste et le prêtre. »

IV

Ensemble ils sont partis ; mais au bruit de leurs pas,
Les bruits de leurs discours ne se mêleront pas,
Tant l’heureux dénoûment de ces terribles drames
D’émouvants souvenirs occupe encor leurs âmes.
L’autel, à leur entrée, était vêtu de deuil,
Dans la nef, au tréteau figurait un cercueil :
Tout ce deuil disparut ; mais les lis du parterre,
Les roses tapissant les murs du presbytère,
Les feuillages légers, les plus riantes fleurs,
Dans les vases dorés unirent leurs couleurs.
Vêtu d’un ornement aussi blanc que la neige,
Le prêtre et son ami qui lui faisait cortège
Rentrèrent dans le chœur : un joyeux Gloria,
Sur lequel le pasteur avec force appuya,