Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/110

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« Tous ces marins priaient les saints, priaient la Vierge,
Quand la mer en courroux brisait le bâtiment ;
Où sont-ils à cette heure ? Ivres dans quelque auberge.
Laboureurs, n’oublions jamais notre serment.

« Marchons avec gaîté, marchons légèrement !
 
« Passons ce chemin creux, passons cette montagne,
Et cette lande verte, et ce champ de froment !
Passons cette rivière ! Oh ! la belle Bretagne !
Votre main, jeune fille ! En avant ! en avant !
 
« Marchons avec gaîté, marchons légèrement ! »

Ô ville de Conan et de Pôl, cité sainte,
Ils entrèrent chantant ainsi dans ton enceinte,
Et, comme les oiseaux dont le chant suit le vol,
Ils sortirent ainsi de tes murs, ô Saint-Pôl !
Mais Conan (lui, le chef de la tribu guerrière),
Ils ne l’ont plus trouvé dans sa couche de pierre !
On a brisé son trône et vidé son cercueil,
Et Pôl n’a plus de fils siégeant sur son fauteuil !
O ville de Léon, ton langage sonore,
Ton langage de miel seul te console encore ;
Ou bien tu vas prier sous ton clocher à jour.
Orgueil de tes enfants et du passant l’amour !
 
Vers le haut monument et sa légère aiguille,
Soyez sûrs que Lilèz et le prêtre et la fille
Se tournèrent souvent lorsque, le lendemain,
Du côté de Morlaix ils prenaient leur chemin.
Oh ! comme en traversant cette cité marchande,
Leur paupière s’ouvrit curieuse, et plus grande !