Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/116

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Et, l’hiver, écoutez le joyeux tisserand,
Tout en croisant ses fils qu’il prend et qu’il reprend,
Au pays de Tréguier, écoutez comme il chante
Sur mille airs variés des chansons qu’il invente !
Notre cher saint Tûdual est roi du peuple élu :
S’il n’est pas Dieu le Père, il ne l’a pas voulu.

LILÈZ de Cornouaille.

Oui, Tréguier a son lin. Vanne a ses rangs de pierres,
Mais venez en Cornouaille, au pays des rivières,
Au pays des vallons, des pâtres et des bœufs,
Où l’homme est comme un arbre avec ses grands cheveux.
C’est chez nous, mes amis, que les filles sont belles !
Là qu’on danse aux Pardons des petites chapelles !
Venez voir à Kemper le bon saint Corentin,
Avec sa mitre d’or et sa crosse d’étain.

LE PRÊTRE, de Léon.

Un grave Léonard fuit les plaisirs du diable.
La semaine, il la passe à charroyer du sable,
À fumer ses sillons, à dresser ses chevaux ;
Et le jour du dimanche, après ces durs travaux,
Il entend la grand’messe, et, dans sa langue antique,
À saint Pôl, son apôtre, il entonne un cantique :
Car saint Pôl est l’honneur du pays de Léon,
Et Léon est l’honneur du langage breton.
 
Tous quatre en leur dialecte habiles à combattre,
Ainsi ces vrais Bretons s’attaquèrent tous quatre.
Ils demandaient du vin pour rafraîchir leurs voix.
Lorsqu’un chanteur se lève et reprend en gallois :