Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/125

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Là, dans l’air vif et pur ils découvrent leur tête,
Et poussent un grand cri vers le Mont-Saint-Michel
Qui levait fièrement son front bleu dans le ciel.
Puis des vallons encor, des montagnes sans nombre.
La nuit les entourait, lorsque, baignés dans l’ombre,
Ils virent des taillis penchés sur des ravins,
Et comme des géants culbutés par des nains,
Sur les flancs des coteaux d’cnormes pierres rondes ;
Des sources bruissaient dans ces gorges profondes ;
Et c’était une cloche, un beau lac argenté ;
On eût dit les abords d’un manoir enchanté.
Un cor sonna trois fois !

— Est-ce vous, duchesse Anne,
Qui dans vos souterrains, légère et diaphane,
Errez en appelant vos fidèles mineurs,
Et par des chants plaintifs soulagez leurs labeurs ?
Arthur, prince gallois, est-ce ta meute noire
Qui chasse cette nuit au son du cor d’ivoire ?
Prince Arthur, est-ce toi ? De l’île d’Avalon
A-t-il pu s’échapper, l’indomptable lion ?
Avec Gauvain, Tristan, et le roi de Cornouailles.
Est-ce lui qui chevauche à travers les broussailles ?
Revient-il au Huel-Goat, le grand sonneur de cor ?
 
Arthur, nous t’attendons, nous t’attendons encor !

Le Huel-Goat ! Mais déjà dans leur hôtellerie
Nos amis sont en train de pleine causerie :
On parlait de la mine et de l’ancien manoir,
Des choses du pays les plus belles à voir.
Chacun disait son mot. Des hommes du cadastre,